Domaine de spécialité clinique: Science de la douleur

Année d’obtention du diplôme: 1984 (B.Sc. Physiothérapie) 2015 (M.Sc.)

Domaines d’intérêt professionnel: Réadaptation fonctionnelle; gestion de la douleur chronique; manifestations psychosomatiques et gestion; évaluations médico-légales

Passe-temps : Mes passe-temps sont le sport (ski, volleyball, natation, conditionnement physique) et les voyages (principalement en Europe, en Australie et en Amérique du Nord).

Qu’est-ce que vous avez trouvé le plus enrichissant au sujet du programme de spécialité?

Le programme de spécialisation de l’ACP a été offert à un moment où je souhaitais revoir ma pratique. Je me considérais comme une spécialiste de la douleur, comme tous les autres cliniciens. En rédigeant les réflexions cliniques et les discussions axées sur des cas, j’ai pu clarifier pour moi-même l’importance de la physiothérapie dans la gestion de la douleur persistante et invalidante. Il m’est apparu clair que la littérature scientifique appuyait la stratégie de traitement que je privilégiais, et que le traitement différait de celui utilisé dans d’autres spécialités. J’ai finalement pu comprendre dans quelle mesure ma pratique différait de la médecine sportive ou de l’orthopédie, parce que je devais prendre le temps de rédiger mes pensées et de défendre mes points de vue devant l’équipe d’évaluation, documents à l’appui.

Pourquoi vous êtes-vous inscrite au programme?

Je savais que de nombreux autres physiothérapeutes traitaient tous leurs patients au moyen de techniques et de programmes d’exercices axés sur les phases aiguës et subaiguës de la guérison. Par contre, ils refusaient de considérer les patients atteints de douleurs chroniques comme un type de clientèle différent, nécessitant une stratégie de traitement distincte; c’est pourquoi les tiers payeurs et les médecins déploraient souvent l’inefficacité des traitements de physiothérapie dans la gestion des patients atteints de douleurs chroniques. Cette situation me frustrait, mais j’avais de la difficulté à exprimer mes idées et mes opinions sur la gestion de la douleur. Le processus de spécialisation m’offrait une occasion d’exprimer ces idées et ces opinions de manière plus efficace.

Vers quoi espérez-vous que la profession aura évolué d’ici 25 ans?

J’espère que les physiothérapeutes pourront évaluer et traiter les patients de manière globale, c’est-à-dire en tenant compte des gains primaires et secondaires ainsi que de la compréhension et des croyances du patient, et en intégrant la pathophysiologie et les manifestations psychosomatiques à leur évaluation clinique.

Selon vous, quelles répercussions la spécialisation aura-t-elle sur votre domaine de spécialité?

Notre pratique est très différente de celle de l’orthopédie, de la neurologie ou de la médecine sportive, par exemple. Nous adoptons une approche différente relative au patient et au plan de traitement, et nous nous réjouissons que cela soit reconnu par notre organisation nationale. Cette reconnaissance pourrait aussi contribuer à améliorer notre crédibilité professionnelle auprès des organismes juridiques et gouvernementaux, afin de les inciter à nous consulter.

Quelle est la valeur du programme de spécialité pour les candidats?

Le programme de spécialisation est un cheminement de découverte de soi pour le physiothérapeute suffisamment déterminé pour participer à l’évaluation. Il s’agit d’une occasion de réfléchir à notre pratique, ce que nous ne prenons normalement pas le temps de faire, car la vie suit son cours et nous avons d’autres priorités. Un autre aspect utile est qu’en s’expliquant aux autres, à un niveau clinique avancé, le clinicien doit intégrer l’information de sources multiples, parvenir à la récupérer et l’organiser d’une manière qui nécessite une compréhension approfondie de cette information. Cet exercice ne peut qu’améliorer la pratique clinique du candidat. Il favorise également un sentiment d’accomplissement et de confiance qui devient évident pour les autres, qu’il s’agisse des patients ou des pairs.

Avez-vous eu recours à votre réseau de spécialistes et, le cas échéant, comment?

Je suis toujours heureuse de rencontrer Janet Holly et Michael Sangster ou de discuter avec eux. Ils me poussent à réfléchir hors du cadre de ma zone de confort. Cependant, nous avons eu trop peu de ces discussions en raison de la distance et de nos horaires. 

Quels éléments importants les personnes souhaitant participer au programme de spécialité devraient-elles considérer?

Le processus d’évaluation est long et exigeant. Lorsqu’on y réfléchit, il est facile de trouver des excuses pour ne pas y participer, mais une fois que nous sommes lancés, la nécessité de s’expliquer aux autres et de clarifier ou de justifier nos choix de traitement stimule les réflexions qui font progresser notre pratique à un autre niveau. C’est ce qui nous donne l’énergie nécessaire pour traverser toutes les étapes du processus avec succès. La préparation de la demande et le processus d’évaluation prendront au moins trois mois.

Quelles nouvelles compétences avez-vous acquises, ou quelles compétences avez-vous améliorées, grâce à ce processus de spécialisation?

Le processus d’évaluation m’a permis de confirmer que ma stratégie de traitement des pathologies musculosquelettiques chroniques est la plus efficace.

Quels conseils donneriez-vous aux candidats qui participent au processus de spécialisation?

Soyez humble : il n’est jamais très plaisant de se soumettre à une évaluation de son rendement. C’est en gardant l’esprit ouvert que parviendrez à vous améliorer.

Soyez patient : le processus d’évaluation est long et exigeant. 

Soyez rigoureux : ne vous attendez pas à réussir grâce à votre réputation ou à vos publications. Vous devrez présenter des documents appuyant vos conclusions ou vos déclarations et clarifier vos choix de traitement en les fondant sur des documents scientifiques.

Quelles répercussions la désignation de spécialisation a-t-elle eues sur vous et sur votre carrière?

Elle m’a donné la confiance nécessaire pour présenter ma candidature à la Société des experts en évaluation médico-légale du Québec (SEEMLQ), un groupe principalement formé de médecins spécialistes (MD et PhD) dans le domaine médico-légal. Ma candidature a été acceptée et je suis la première physiothérapeute membre de la SEEMLQ.

Courriel dominique.gilbert@nociclinique.ca

En ligne : www.nociclinique.ca